"Du vitrail dans une voiture de luxe ? Nous serions ravis de le concevoir !"

Atelier Mestdagh - Katrien Mestdagh

Si l'art du vitrail existe depuis plus de 1.000 ans, à l'Atelier Mestdagh, on lui trouve encore quotidiennement de nouvelles utilisations. Un métier artisanal ancré depuis trois générations dans l'ADN de la famille Mestdagh, qui compte dans ses rangs une ambassadrice passionnée en la personne de Katrien.

L'art du vitrail est manifestement inscrit dans les gènes de la famille Mestdagh…

Katrien Mestdagh : C'est exact. Atelier Mestdagh a été fondé en 1947 par mes grands-parents, puis poursuivi par mes parents. Mon père et ma mère ont modernisé l'atelier. Ils sont toujours actifs dans l'entreprise afin de transmettre leurs connaissances à la nouvelle génération. Septante-set ans après nos débuts, nous employons huit personnes. Un fait assez unique dans ce secteur.

Qu'est-ce qui vous pousse à poursuivre avec tant de passion l'activité de cet atelier familial ?

La volonté de montrer au monde que notre métier est bien vivant, même si les techniques remontent au IXe siècle après J.-C. Nous vivons actuellement dans une période fertile, où de nombreux métiers d'art renaissent ou reviennent. Plus le monde tourne vite, plus l'extrême opposé devient important. Chez nous, l'expérience, le temps et la lenteur font toute la différence pour obtenir un résultat magnifique. Cette dualité me fascine énormément.

"La volonté de montrer au monde que notre métier est bien vivant, même si les techniques remontent au IX siècle après J.-C."

Atelier Mestdagh est également connu pour sa touche magique...

C’est toujours agréable à entendre. Un vitrail se compose de verre et de plomb, parfois complété par de la peinture sur verre. Mais l'élément le plus important reste la lumière qui le traverse. Et parce que la lumière du soleil varie, chaque éclairage donne un résultat différent. C'est pourquoi même les non-croyants aiment visiter les églises afin de profiter des splendeurs d'un vitrail. À ce moment-là, la notion de temps et d'environnement disparaissent. C'est cette magie que nous voulons créer.

Voyez-vous des similitudes entre votre métier et la construction de voitures de luxe ?

La communication de Bentley dit littéralement : "Nous créons des voitures pour des personnes exceptionnelles, par des personnes exceptionnelles". C'est une qualité à laquelle nous souscrivons pleinement avec notre atelier. Les clients qui apprécient cela ne se contentent pas d'acheter une voiture. Ils deviennent partie intégrante d'une histoire qu'ils ont généralement longuement étudiée avant de lui donner une touche personnelle. C'est exactement ce qui se passe chez nous avant d'aboutir au produit final que les gens pourront apprécier pendant des décennies, tout en découvrant chaque jour de nouveaux aspects. Comme avec une Porsche, une Lamborghini, une Maserati, une Rimac ou une Bugatti.

À titre expérimental, comment intégreriez-vous un vitrail dans une voiture ?

Bien entendu, les normes de sécurité seraient plus strictes. Mais nous relèverions volontiers le défi. Prenons l'exemple de la glacière à champagne située sur la banquette arrière d'une Bentley : sa porte pourrait être parfaitement réalisée en vitrail. Des armoiries peintes à la main sur du verre soufflé à la bouche constitueraient également un bel ajout à l'habitacle. Mais si j'ai vraiment le droit de rêver tout haut, je vois déjà un plafonnier en vitrail briller dans le ciel de toit d'une voiture de luxe.

"Les clients qui apprécient cela ne se contentent pas d'acheter une voiture. Ils font partie d'une histoire."

Quels sont les plus grands défis dans votre domaine ?

Des exigences plus strictes en matière de sécurité, d'efficacité énergétique et de durabilité jouent également un rôle important dans notre secteur. Les architectes qui intègrent des vitraux dans leurs projets doivent tenir compte des valeurs d'isolation. C'est pourquoi le vitrail se voit de moins en moins utilisé comme fenêtre extérieure, mais plutôt comme décoration de fenêtre ou comme élément de décoration intérieure. Il est aussi parfois utilisé comme éclairage indirect. Nous collaborons avec des éclairagistes pour que l'éclairage LED restitue fidèlement les couleurs de nos œuvres.

"Nous recherchons quotidiennement de nouvelles applications pour cet art séculaire."

Le processus préliminaire au vitrail ressemble-t-il à celui de la commande d'une voiture de luxe ?

Comme chez un concessionnaire D'Ieteren Luxury Performance, tout commence par une réunion pour discuter de l'éventail des possibilités. Les détails techniques sont toujours dessinés numériquement mais le designer décide de la manière dont le dessin prendra forme. Certains, comme ma mère, dessinent encore tout à la main. Tandis que d'autres préfèrent travailler sur ordinateur. Quoi qu'il en soit, nous avons hâte d'intégrer le plus rapidement possible les possibilités de l'IA dans notre profession, mais toujours avec un regard critique.

Atelier Mestdagh aime aussi collaborer avec des artistes…

En fait, cela a toujours été le cas. Mon grand-père travaillait principalement avec des artistes locaux. Sous mes parents, des artistes renommés comme Wim Delvoye et Etsuko Tachibana les ont rejoints. Je n'ai pas encore cherché activement à m'exporter. Cela viendra plus tard. Pour l'instant, nous apprécions surtout notre statut de plus ancien atelier de verrerie de Belgique, qui s'est fait un nom grâce à sa vision et à son professionnalisme.

Qu'espérez-vous ajouter en tant que troisième génération ?

Au cours des vingt dernières années, j'ai essayé de préserver le meilleur de notre tradition tout en gardant l'esprit ouvert à l'innovation et au renouveau. Nous sommes l'un des rares ateliers à proposer à la fois la création, l'exécution et la rénovation de vitraux. La combinaison de ces trois piliers requiert beaucoup de savoir-faire et d'expérience, alors que la plupart des artistes se spécialisent dans un seul aspect. Nous sommes quotidiennement à la recherche de nouvelles applications pour cet art séculaire.

Pour conclure, pourriez-vous donner quelques exemples de vitraux contemporains ?

Pour le Festival de la Lumière, nous avons collaboré avec la designer Jana Roos et la ville de Gand afin de créer une installation artistique tridimensionnelle. C'était la première fois que nous voyions nos vitraux prendre vie dans le cadre d'une performance totale. Auparavant, nous avions également réalisé une chapelle entièrement en vitrail. De même, les lampes de Maarten De Ceulaer sont aussi un chef-d'œuvre d'artisanat. C'est ainsi que nous repoussons les limites de notre métier et que nous testons constamment celles de nos matériaux.

"Notre force motrice est la volonté de montrer au monde que notre profession séculaire est toujours bien vivante."

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